Colloque international « Faire parler les photographies »

Institut national d’histoire de l’art INHA, Paris
6-7 octobre 2022

« Faire parler » les images ou faire parler à partir d’elles est devenu une pratique courante dans les enquêtes en sciences sociales qui mérite qu’on s’y attarde. Ce colloque veut interroger de manière croisée la mobilisation de photographies et leur mise en récits en sciences sociales, afin de réfléchir aux manières dont elles peuvent s’enrichir mutuellement.

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On connaît le pouvoir des photographies pour déclencher l’anamnèse, le récit de soi ou des autres, dans des expériences privées ou administratives – en son for intérieur, en famille comme dans un commisariat de police ou devant une cour de justice. « Faire parler » les images ou faire parler à partir d’elles est aussi devenu une pratique courante dans les enquêtes en sciences sociales qui mérite que l’on s’y attarde. Ce colloque veut interroger de manière croisée la mobilisation de photographies et leurs mises en récit, afin de réfléchir aux manières dont elles peuvent s’enrichir mutuellement. Nous voudrions dans ce colloque faire dialoguer actrices et acteurs issus du monde académique mais aussi de la littérature, du documentaire, du journalisme, de l’art contemporain… La mise en récit est envisagée ici de manière plurielle. Elle peut être verbale, à travers des mots dits à l’occasion d’une interview, d’un enregistrement, d’une discussion. Elle peut être écrite, en plaçant les photographies dans des dispositifs iconotextuels plus large : une photographie collée et commentée dans une correspondance épistolaire, des mots griffonnés, une description accompagnant une carte postale. Elle peut encore être visuelle à travers des collages, des assemblages ou des photomontages dans des journaux intimes, des albums photographiques ou sur les murs d’une pièce qui, eux aussi, racontent des histoires.

Si un certain nombre d’outils théoriques ont déjà été forgés pour penser la rencontre et/ou les liens étroits entre photographie et mise en récit, ils s’inscrivent généralement dans des champs disciplinaires spécifiques comme l’histoire orale, l’ethnographie ou l’anthropologie visuelle. À l’occasion de ce colloque, nous souhaitons interroger les manières dont chacun·e, au prisme de son positionnement disciplinaire, se saisit simultanément de l’image et du témoignage. L’intention est de comparer les pratiques, les confronter, les faire dialoguer afin de réfléchir et de s’inspirer de la variété des manières de documenter les photographies, de les mettre en récit, de les donner à lire, à voir ou à entendre. Car si ce geste méthodologique s’impose souvent comme une évidence au cours des enquêtes, il n’en demeure pas moins un certain nombre de questionnements épistémologiques et de difficultés concrètes. Dans certaines circonstances, et moyennant la mise en place d’un dispositif spécifique, les photographies permettent aux témoins de rejouer et de (re)penser des éléments (événements, personnes, situations ou gestes) oubliés ou de les envisager d’un œil nouveau. Les allers-retours entre photographies et récits peuvent participer à l’élucidation – « photo elicitation » – des objets photographiques eux‑mêmes, souvent dénués de tout élément de contextualisation. Ces méthodes peuvent provoquer chez la personne interviewée des réactions verbales et émotionnelles dont la recherche peut se saisir.

Dans le cadre de ce colloque, nous invitons les participant·es à revenir sur des enquêtes concrètes tout en explicitant leurs manières de travailler. Il s’agit de confronter les méthodes et habitudes de chaque discipline et de penser les manières dont elles se répondent ou se distinguent. Dans quelles circonstances est-on amené à mêler photographies et récits ? Comment associe-t-on les mots et les images dans le cadre de ses recherches et de ses investigations ? Comment fait-on parler les photographies ? Comment les narrations, qu’elles soient dites ou écrites, se construisent-elles en s’appuyant sur la photographie ? Comment parle-t-on (à partir) des photographies, quand on les raconte pour soi-même ou pour quelqu’un d’autre ? Comment fabrique-t-on de nouveaux récits en intégrant récits et images ? Comment la signification des images fluctue-t-elle à la lueur des récits ? Comment, par ces mêmes récits, les images se trouvent-elles être consolidées ou déstabilisées ?

Ce colloque explorera notamment :

  • les pratiques épistolaires incluant des photographies, des cartes postales…
  • les journaux intimes et carnets mobilisant des images, albums de photos…
  • les récits construits à partir de photographies (romans-photos, scrapbooks…)
  • les enquêtes de terrain recourant aux photographies (ethnographie, sociologie, anthropologie…)
  • les enquêtes d’histoire orale mobilisant des photographies
  • les questions épistémologiques et éthiques dans la construction des récits, tant du point de vue éditorial que du point de vue historique

Nous invitons anthropologues, historien·nes, artistes, documentaristes, écrivain·es, etc. dont la pratique s’inscrit dans la mise en dialogue entre photographies et récits à nous faire parvenir une proposition de communication en français ou en anglais (2000 signes maximum et un titre) pour le 30 juin 2022 à l’adresse suivante :

Les réponses vous seront communiquées par mail dans le courant du mois de juillet.

Making pictures talk

International Conference to be held at the INHA Institut national d’histoire de l’art, Paris, France, 6-7 October 2022

Photographs are powerful tools to trigger recollection, to elicit self‑narratives and other’s stories, both in private experiences and in administrative procedures – in personal life, among family or friends, or in police stations or courts of law. To make images talk or to talk from and about them has also become a common practice in social sciences that deserves critical examination. This conference aims to explore the role of photographs in storytelling as well as their place in the construction of narratives, to reflect on the ways in which they are used to enrich each other. It intends to initiate a dialogue between actors across different academic disciplines as well as from other fields, including but not limited to literature, documentary film-making, archiving, curation, journalism, and contemporary art. The inter‑relationship between photographs and narrative can take several forms and all of these forms constitute objects under study in this conference. Narratives can be verbal, as in words spoken during an interview, a recording, or a discussion where the photograph is a prompt. They can be written, as when photographs are placed within a larger iconotextual framework: photographs included and commented on in a written exchange, scribbled words, or a description written on a postcard. Narratives can also be visual, as in collages, assemblies of images, or photomontage, in diaries or photographic albums, or on the walls of a room.

Over the years, a range of theoretical tools have been developed to analyse the encounter between and intertwining of photography and narrative. These tools have often originated in specific disciplines, such as oral history, ethnography or visual anthropology. We wish to interrogate the ways in which each practitioner uses images and testimonies based on his or her disciplinary and analytical perspectives. As such, we intend to compare different practices, confront them, and bring them into dialogue. We hope to discuss and be inspired by a variety of possibilities for documenting photographs and constructing a narrative from or alongside them. Where methodological resort to photographs during fieldwork or within the research process is often a necessity, epistemological considerations and practical difficulties remain. In research contexts, photographs can trigger witnesses to re-enact and to (re)think forgotten or overlooked events, people, situations or gestures, or consider such aspects from a new perspective. Analysing photographs and narratives in a connected manner can contribute to the elucidation – “photo elicitation” – of photographic objects themselves, so often available without any contextual information. These methods may also sometimes provoke verbal or emotional reactions from interviewees that may themselves become objects of analysis.

In the framework of this conference, we invite each participant to reflexively revisit their case studies and to make explicit their way(s) of doing research with or about the interconnection of photographs and narratives. In this perspective, it may be useful to reflect on the following questions: In which circumstances do we find ourselves combining photographs and narratives? How do we associate words and images in the context of our research and investigation? How does one “make” photographs speak? How are spoken or written narratives constructed around or in dialogue with photographs? What is the role of the photograph in constructing a (self-)narrative? How are narratives remade by integrating images? How are photographs reinterpreted and reimagined through narratives? How, through these same narratives, are the meanings of photographs consolidated or destabilised?

The main topics to be explored in this conference include but are not limited to:

  • epistolary practices including photographs, postcards, etc.
  • diaries and notebooks including images, photo albums, etc.
  • narratives constructed from photographs (photo-novels, scrapbooks, etc.)
  • investigations in field research making use of photographs (ethnography, sociology, anthropology, etc.)
  • oral history interviews involving photographs
  • epistemological and ethical concerns in the construction of narratives, both from an editorial and a historiographical perspective

We invite all those, anthropologists, historians, artists, documentarists, writers, etc., whose practice is inscribed in the combination of photographs and narratives to send us a proposal in French or English (a paper abstract of 300 words max and a title) by June 30, 2022 to:

Applicants will be informed about the selection in July 2022.

 

Organisation / Conveners

Manuel Charpy (INVISU, CNRS/INHA)
Alexandra de Heering (UNamur)
Ece Zerman (INVISU, CNRS/INHA)

       

INVISU l'Information visuelle et textuelle en histoire de l'art, nouveaux corpus, terrains, outils
CNRS UAR 3103 | INHA Institut national d'histoire de l'art
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