Jeudi 10 mars 2011 aura lieu à l’INHA la sixième séance du séminaire « Nouvelles formes d’éditorialisation » 2010-2011 organisé par InVisu avec le laboratoire Sens Public-MSH Paris Nord.

Nous accueillerons Hervé Le Crosnier, professeur à l’université de Caen, pour une séance intitulée « DMS : Document management system« 

Voici la présentation de son intervention :

Il nous faut analyser les évolutions du web non seulement à partir des nouveaux usages (notamment les réseaux sociaux), mais aussi à partir des opportunités techniques. En effet, durant sa courte histoire, l’internet a été un moteur à deux temps, une impulsion venant des développeurs de nouvelles techniques puis un usage qui souvent détourne ces techniques et incite à l’innovation ascendante. C’est aujourd’hui la logique des « web sciences » de considérer ces deux aspects de l’étude du réseau : une proposition technique, et une prise d’indépendance des usages sociaux.

C’est du côté des propositions techniques que je voudrais parler lors de ce séminaire, afin de montrer les divers projets en cours, ce qu’ils impliquent du point de vue des opérateurs du web (depuis les firmes gérant les contenus jusqu’aux web-développeurs et aux acteurs de la normalisation). On peut prédire d’avance que les usages seront différents, imaginatifs,… mais ne pourront se construire que sur la compréhension sociale (i.e : le pli des opportunités techniques sur les pratiques antérieures) des techniques à l’œuvre.

Ces techniques sont elles-mêmes bâties sur une architecture complexe, avec à la base la normalisation technologique, ou plutôt le combat de secteurs techniques autour de la normalisation, ce qui est une première scène de la co-construction du web. Nous expliciterons ce niveau au travers des exemples de HTML5 et des microdata. Viennent ensuite les outils techniques de facilitation des usages, à l’images des logiciels de gestions de contenu (CMS) ou les logiciels de blogs, qui ont permis l’explosion de l’expression directe pour les non-techniciens. C’est sur cette couche que nous développons le framework Sydonie que je présenterai. Enfin, les outils sémantiques et sociaux qui sont co-construits par des usagers, et dont les bénéfices peuvent être ré-incorporés dans les outils spécifiques. On va de plus en plus disposer de services répartis capables de fournir des informations de base dont les opérateurs de sites (bibliothèques, services d’archive ou services de publication) pourront tirer bénéfice. Les services de cartographie (Google Maps ou OpenStreeMap) sont un exemple typique. Mais de nombreux aux services proposés en mode « linked data » rentrent dans cette catégorie.

Derrière cette architecture technique on voit ré-apparaître deux logiques oubliées sous la magie des moteurs de recherche et des web-médias : 

  •  le système des bibliothèques, qui va de la définition des documents, de leur indexation, jusqu’à l’organisation de la connaissance à partir des fonds documentaires. 
  •  la place des fournisseurs de contenus face aux techniques d’agrégation, de repackaging, de curation ou de recommandation de gré à gré.

Et dans ce cadre nous devons étudier la question des relations rémunération/usage. La situation nous impose de repenser la propriété intellectuelle et de ses modèles de financements, tout en préservant les deux piliers que sont le droit moral (le respect de l’auteur, qui passe par le respect du document qu’il crée) promu par le droit français, et les formes d’incitation à la production d’œuvres utiles (ou encore reconnues par le public quand il s’agit de création dans la culture populaire) qui fut au cœur de la première loi sur le copyright dit « Statut d’Anne », il y a trois siècles.

Le document, dont on a trop souvent annoncé la noyade dans le flux du réseau, pourrait resurgir comme principe organisateur des contenus, des services et des modèles d’affaire. Ce sont aux professions du document de participer à cette résurgence en étant ouvertes et participatives, apportant leurs connaissances au nouveau réseau réparti qui se construit sous nos yeux derrière l’écume des réseaux sociaux.

Informations pratiques

Institut national d’histoire de l’art
2 rue Vivienne – 75002 Paris
salle Peiresc, 18h, entrée libre

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